Organisation spatiale de l'habitat dans la ville d'Alexandrie en Egypte

Crédit photo: Daniel Mastaki B.
Statue d'Alexandre le Grand ou Alexandre III de Macédoine, né le 21 juillet 456 av. J.-C à Pella et mort le 11 juin 323 av. J.-C à Babylone.

Introduction

Rattachée au delta du Nil, la ville mythique d’Alexandrie est dotée d’une masse démographique en perpétuelle croissance. Elle a été fondée dans l’antiquité par Alexandre le Grand, vers 332 avant JC. La ville a été marquée au fil du temps par plusieurs événements qui ont considérablement modifiés la constitution de son habitat.

Elle est ainsi passée d’une organisation axée autour des voies majeures de transport, à une cité contemporaine caractérisée par ses deux grands ports, ses 20 km de corniche et ses rues fortement urbanisées. La morphologie de la ville a ainsi connu différentes mutations qui ont intégrées plusieurs types d’architectures. 

Cette évolution pose la question relative à l'organisation spatiale actuelle de l’habitat à Alexandrie. L'objectif de ce papier est de décrire l’habitat de la ville d'Alexandrie. Trois variables ont retenu notre attention : le bâti, les matériaux de construction et l’espace paysager.

La méthodologie adoptée a été planifiée suivant trois axes. Tout d’abord, une recherche documentaire a été effectuée, afin de recueillir les données empiriques sur l’historique et l’évolution de la ville. Ensuite, une descente sur le terrain a été organisée dans le quartier El Mancheya suivant un itinéraire précis. Celle-ci a été l’occasion d’observer les courants architecturaux priorisés dans la ville. Enfin, des entretiens avec certains habitants ont permis de comprendre la mixité des types de bâtis, et des matériaux identifiés lors des observations.  De plus, un GPS pour le tracé de l’itinéraire et un appareil photo utile aux prises de vues, nous ont servi d’outils complémentaires pour la réalisation du travail. Le traitement de toutes ces données a été réalisé suivant une synthèse analytique dont les résultats sont exposés dans les points qui suivent. 


1          Evolution architecturale des habitats de la ville

La dynamique architecturale de la ville d’Alexandrie a connu plusieurs évolutions au fil du temps. Durant la période antique, la ville avait une circonférence de 24 kilomètres. Son plan était comme la plupart des anciennes villes grecques, de rues orthogonales. Les habitats étaient faits de murs de briques crues, structurés avec des colonnes de roseaux liés.  Entre le XIVe et XVe siècle, des édifices appelés fondouks ont été construits dans la ville cosmopolite d’Alexandrie, afin de faciliter les échanges entre différents peuples. 

Ces habitats étaient caractérisés par un rez-de-chaussée, des magasins et des étages de logements. Comme espaces verts, on retrouvait déjà des jardins de dattiers, de cassiers et d’autres fruits. Cette configuration architecturale s’est étendue jusqu’à l’époque ottomane (du XVIème au XVIIIe siècle). Dès le début de la période coloniale en 1882, la ville a été marquée par des contrastes et des réformes de redistribution du bâti. A partir de 1987 jusqu’à nos jours, l’évolution de l’urbanisation populaire contribué à la prolifération des immeubles de 5 à 6 étages voire plus, construits en bétons armés.

Toutes ces évolutions ont considérablement marqué la structure de la ville, lui permettant aujourd’hui d’allier des caractéristiques orientales à l’influence occidentale.


2          Distribution spatiale actuelle de l’habitat à Alexandrie

L’observation du paysage urbain et architectural de la ville d’Alexandrie permet de remarquer la présence de plusieurs types d’habitats à usage administratif, résidentiel ou commercial. De manière générale, on y note une mixité entre les anciennes et les nouvelles constructions, conférant un caractère unique à la ville. Les anciennes bâtisses, sont essentiellement caractérisées par la présence d’éléments tels que les frontons, des colonnades, et des chapiteaux d’ordre ionique, dorique et corinthien. 

Les principaux matériaux utilisés pour ce type de construction sont le marbre, le granite et la pierre. Ces anciennes constructions se juxtaposent à de nouvelles dotées des lignes pures, de formes sobres, de surfaces dynamiques, de vitrages nombreux, façonnées avec des matériaux novateurs.  Elles sont construites dans un style dit moderne, avec une prédominance d’immeubles de plus de 5 niveaux. Les matériaux priorisés pour ce type d’habitats sont le béton, le métal et le verre. Par ailleurs, une nouvelle tendance pour des matériaux composites et les briques de terres cuites, semble séduire petit à petit les constructeurs de cette ville pittoresque.

De plus, les installations balnéaires implantées sur la corniche, rappellent une ville historique et touristique avec une population présentant un niveau de vie moyen. Les magasins de luxe, les franchises et autres boutiques, y sont observés. Toutefois, l’intérieur de la ville, laisse apparaître un décor constitué d’exploitations familiales, avec des installations de petits commerces sur le rez-de-chaussée de certains immeubles (influence des fondouks).

Par ailleurs, une certaine servitude architecturale est observée à certains points stratégiques de la ville, conduisant les constructions à se conformer à une nomenclature incluant la même typologie de bâtiments, le même emplacement et l’utilisation de matériaux similaires. La ville présente très peu d’espaces verts, principalement distribués au niveau des zones administratives et commerciales constituant ainsi des zones de repos.


Cependant, le tissu urbain de la ville d’Alexandrie reste contrasté. Les immeubles contemporains et modernes sont surtout situés en bordure de mer. Ces immeubles jouissent d’une restauration constante et même quelques fois de reconstruction afin de s’adapter à l’évolution des styles et des standards de l’architecture occidentale. Toutefois, l’intérieur de la ville est constitué par des habitations délabrées mais habitées. 

Ces bâtiments présentent néanmoins des risques d’incendie et surtout d’écroulement.
Ainsi, cette distribution spatiale traduit une préférence des littoraux et des côtes entraînant une surpopulation de ces zones, accentuée par la vétusté du cœur de la ville. Celui-ci fait donc face à une prolifération de bidonvilles, se juxtaposant à des habitations de classe moyenne. De plus, l’augmentation de la population et l’avancée de la technologie architecturale contribuent considérablement à l’augmentation des constructions verticales.

Conclusion

L’observation du bâti de la ville d’Alexandrie fait transparaître des éléments architecturaux et architectoniques de type gothiques, modernes et contemporains. Il est actuellement caractérisé par des constructions verticales, une organisation en faveur des voies de transports situés sur la côte et un vieillissement des bâtisses intérieures de la ville. 

Ces habitats sont à usage divers et variés, conservant encore une partie du caractère mythique qu’avait la ville pendant sa période pré-coloniale.  Toutefois, la synergie entre l’espace paysager et le bâti a laissé peu à peu place à la prédominance du bâti, du fait de l’influence des courants architecturaux occidentaux. Cela a contribué à une modification importante de l’organisation de l’habitat à Alexandrie. 

Cependant, aux vues de la croissance démographique et du besoin important de logements urbains, cette configuration urbaine pourrait encore subir des mutations importantes, nous permettant d’élargir les réflexions sur les possibilités de réaménagement du bâti de la ville d'Alexandrie.

Références bibliographiques

11. Blins Louis et Gaultier-Kurhan (2006) « Alexandrie et la Méditerranée. Entre histoire et mémoire ». Maisonneuse et Larose. Paris. 15P.
22. Eric Denis (1997), Alexandrie seconde ville d’Egypte ou métropole méditerranéenne ? revue géographique de l’est, Association des géographes de l’Est, 31P.
33. Faü J-F (2014) « les consulats français d’Alexandrie et de Massaoua : Destins croisés » Librairie orientale par Guenther S.A, Paris, 87P.
  4. Roman Stadnicki, Une révolution urbaine en Egypte ? L’Egypte en révolutions, PUF, 2015, 978-2- 13-060785-4.
 5. CSI info N°5, Séminaire international 24-26 novembre 1997 Essaouira, Royaume du Maroc Développement urbain et ressources en eau : petites villes côtières, mai 1998
68.  https://www.cityzeum.com/la-corniche-d-alexandrie, consulté le 06/02/2019.
79.http://www.e-olympos.com/alexandrie.htm#debut. Consulté le 06/02/2019.


Auteurs: 

1. Mugalihya Mulumeoderhwa Didier (M2 GE, Université Senghor)
2. Lelo Phoba Sarah (M2 GE, Université Senghor)
3. Mvoto Pascale Féline (M2 GE, Université Senghor)
4. Ouédraogo Luc (M2 GAP, Université Senghor)
5. Tamia Ngoji Nya (M2 GPC, Université Senghor)
6. Samb Amdy (M2 GAP, Université Senghor)




Commentaires

  1. Bonjour mon frère Didier, rien à dire mais du fin fond de mon coeur je te souhaite plein succès. Travail très propre. Rien que du courage.

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Cher Eric, nous sommes très ravis par ton commentaire. Merci pour les encouragements.

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  2. Un article tres bien fait et que j'ai lu avec beaucoup d'interet. J'apprecie les descriptions que vous avez faites sur son habitat antique et moderne. A la fin je me suis demandé ce qu'a eté votre objectif en ecrivant cet article.
    Aussi, j'estime que si vous pouviez ajouter quelques photos de la ville d'Alexandrie dans l'article, ça aurai eté mieu.
    Courage !

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    1. C'est un immense bonheur et une source de motivation de lire les retours après une publication. Nous avons des images de la ville d'Alexandrie. Elles seront intégrées dans la version finale du papier. Merci pour les appréciations, les encouragements et les suggestions. N'hésitez surtout par de visiter notre blog et partager les différents papiers dans vos réseaux respectifs!

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