Cet autre CongoRD, un libre parcours de Didier Mugalihya
Rencontre et échange avec Didier Mugalihya autour de son dernier projet: "Cet autre CongoRD, libre parcours"
Destin Motivation :
Pourquoi ce film ?
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Didier Film ??
Le mot est fort…
Les
réponses sont multiples. La première et la plus vraisemblable ce que j’en
avais envie. J’avais envie d’immortaliser, comme on dit, tous ces dons de la
vie : le beau, le calme, la joie, la paix, le rire, le soleil, la nature,
… L’idée qu’ils ne peuvent être cherchés et trouvés dans les ailleurs de la
RDCongo est fausse. Elle est toute pièce !
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Dest. En quoi est-elle toute pièce ?
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Did. Les images relayées aujourd'hui sur
les grands médias nationaux et internationaux véhiculent assez souvent, et
très malheureusement, des messages de haine, elles montrent souvent de la
violence, la cruauté des conflits et des guerres, la famine et ses ravages.
Ces images sont aussi légitimes car elles permettent à ces grands
propagandistes et militants derrière ces maux, de trouver des fonds et
arrêter l’hémorragie créée par ce contemporain vidé de tout humanisme.
L’idée de mettre en lumière ce que
j’ai considéré comme un autre pays, une autre nation, celle dont j’ai eu la
chance de visiter, a alors germé. J’ai tout de suite trouvé énormément de
plaisir de tourner les projecteurs à tous les sourires qui m’ont accueilli, à
la chaleur de ces hommes et femmes que j’ai rencontré et qui étaient remplis
de courage pour la survie ; à la symbiose, la ressemblance et le partage
de nos émotions, à leur quotidien, à la joie et l’amitié que leurs enfants
m’ont partagé et manifesté. J’avais envie de partager tous ces moments. Ces
images, sont justement un hommage à toutes ces couleurs, à cette autre belle
vie, à ce beau CongoRD, à Cet autre
Congo que j’ai découvert !
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Dest. Naissance et
développement du Projet
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Did.
La photo ! Ce format
d’expression dont je fais souvent usage pour saisir un fragment de temps était
ma première idée. Tout de suite j’ai compris que quelque chose manquait et me
manquait. Je n’arrivais pas à bien et mieux saisir le moment, sa fraîcheur et
sa globalité à travers une image. J’avais besoin que ça bouge, il fallait un
lien entre moi-même et l’image que je voulais. L’interprétation et le
décodage derrières n’arrivaient pas à cerner l’originalité et la naturalité des
motifs et pixels de l’image. J’ai alors commencé par prendre des petites
séquences de vidéo allant de 02 à 05 minutes. Ça me plaisait comme je l’ai
dit tout au début.
Tout s’est alors développé autour de
cette idée, celle de la prise de vue, la vidéo. A chaque fois que tous les
beaux fragments de temps passaient, ma seule envie était de les enregistrer.
Un autre élément à ajouter, que je
considère aussi important, ce qu’étant militant pour la préservation de
l’environnement et élève à l’école de la gestion de l’environnement et des
aires protégées, j’ai croisé une communauté avec beaucoup de volonté, elle a
les ressources nécessaires pour pouvoir s’impliquer dans les activités de
conservation et j’ai voulu leur donné la voix car on aura jamais un éco-garde
ou un agent de conservation derrière toutes les richesses fauniques et
floristiques de ce Pays, on peut que faire participer davantage cette
population afin qu’elle continuer de bénéficier de la générosité de la
mère-nature. J’avais aussi envie de relayer cette volonté de sa part.
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Dest. Prendre des images
exige du matériel et parfois du matériel de pointe, comment aviez vous pris
les images ?
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Did.
Mon lourd matos
n’était qu’un appareil téléphone (rires), pas de codes, ni de référence
particulière à des standards d’Hollywood. J’ai filmé ces images avec ce que
j’avais en main. C’est pourquoi d’ailleurs je parle de : libre parcours.
Les images ont été prises avec un
appareil de bord. Un téléphone portable. Pas de caméra spécifique. La chance
m’avait aussi sourie parce que j’étais aux bons endroits aux moments qu’il
fallait, alors je filmais ou camerais, je ne sais pas (rires). Le projet
s’est alors et ainsi poursuit...
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Dest. Comment réussir un
tournage avec un téléphone ?
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Did. Très très difficile question. Je
priais même qu’une manne constitué ne fût-ce que d’une bonne caméra tombe du
ciel, malheureusement ! (rires). Le matériel a posé un énorme problème
mais on a fait avec celui qui était à notre disposition. Ce qui m’a plus réconforté
et donné envie de continuer c’est ce peuple de Dieu que j’ai rencontré
pendant mes séjours. C’était un peuple très amical. Il ne s’interdisait pas
d’ailleurs parfois d’exiger que je tourne mon téléphone vers lui, il s’avait
se prêter au jeu.
J’ai tout de même éprouvé des
difficultés. N’ayant pas l’équipement classique, il était souvent difficile
de filmer à bord d’une pirogue sans altérer soit la qualité de l’image, soit
celle du son. Les images ont donc été prises en vrac. Je n’avais, ni micro,
ni zoom, ni trépieds, ni équipement spécifique, juste un appareil téléphone.
Je déplore tout de même la qualité des images et du son. L’essentiel pour moi
comme je l’ai dit était de partager ces moments de joie, ces endroits aux
beautés uniques.
Je précise ici que le crédit image est
à attribué à Didier Mugalihya, moi-même, et que j’ai eu préalablement
l’autorisation de prendre les images des personnes qui apparaissent dans ce
court-métrage, on va abusivement l’appeler ainsi… Pendant qu’on y est, profite
aussi de lancer un appel à tous ceux qui peuvent aider : une caméra, un
appareil photo, une formation. N’importe quel genre d’accompagnement.
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Dest. Perspective et projets
en vue
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Did. L’homme est un tonneau troué
d’envies. Remplir des pages d’ancre noire
relatant tout ce que je vis au quotidien, demeurer, en quelque sorte dans la continuité
de Cet
autre CongoDR ? mais au format papier. Un bouquin !!
(rires), serait un premier projet en vue…
Très sérieusement, il y’a des
questions autour desquelles peuvent s’agréger la jeunesse aujourd'hui. Le
politique ? C’est bien qu’il soit élu, mais derrière, il doit faire
preuve de capabilité, pondre des stratégies et surtout initier des actions en
faveur des communautés locales.
J’évite souvent de parler de tout ce
qui fait mention à la politique car contrairement à son idéologie, je pense
plutôt que la bonne foi peut être le moteur d’un changement à la taille de
celui qu’on nous vend dans les grands médias (télé, journaux, réseaux
sociaux, …), celui qui se fait habillé à travers des ONGS, OI, et celui qui
parachute par avion à travers d’autres plates-formes.
Le politique africain et congolais en
particulier est en panne de bonne foi, de bonne volonté. Quand on regarde
l’Afrique aujourd’hui, on se rend compte que le présent n’est pas réjouissant
et que le lendemain est assez incertain et inquiétant. On se pose alors la
question du dessin et des utopies pour demain. Ma conviction, est que si
chacun arrivait à réaliser des actions mesurées par rapport à ses moyens et en
fonction de son espace, on peut espérer porter haut un meilleur avenir
commun.
L’Afrique doit essayer de redevenir
sujet de son propre discours, de ses représentations et de son avenir comme
l’intellectuel Felwinee Sarr l’alimente profondément.
Pour moi, le développement, se
concrétiserait par la théorie du m2,
un autre projet, comme la question était de savoir quelles sont les
perspectives (rires).
Un jour, que le temps m’accorde sa
faveur, peut-être que je prouverai,
comme d’autres intellectuels (Defour, Sankara,
Kabila_LePère, Rodeny – d’heureuse mémoire et les autres) que le
développement consiste à tous et à chacun d’initier des actions, de quels
genres, dans son m2
(ménage, rue, quartier, commune, ville, préfecture, arrondissement…). La
somme des réalisations individuelles, concourra forcément à
l’accomplissement, au développement.
Mais cela exige des porteurs d’idées
animés de « beaucoup », pour marquer mon insistance, de bonne foi (la
foi, car elle procède à la conviction personnelle). La volonté, la bonne
volonté peut être dictée ! Grâce à la bonne foi, les moyens de bord
peuvent sous-tendre ce processus d’accomplissement.
Pour revenir à la question, car j’ai
l’impression de m’être perdu : je suis membre de plusieurs plates-formes
mus par le bénévolat. Comme pour toute organisation il y’a des cibles et
targets à atteindre pour une période préalablement définie (3 mois, 6 mois, 1
an).
Dest. Et quels sont vos
cibles ?
Did. Etant Fondateur et Bénévole à la
fondation DIOL et à la plate-forme CongoVitrine, Chercheur au RACOD mais
également dans plusieurs autres plates-formes (CYNESA-IDEAS-AGED-SYNIGL), je
pourrais parler jusque demain matin sans épuiser la matière sur nos cibles.
Mais pour me résumer, la vision de
toutes ces organisations tourne autour de l’atteinte du développement local
durable qui se concrétiserait par l’appui des communautés locales et leurs
initiatives mais aussi l’amélioration de la pratique de conservation de la
biodiversité.
Diol Foundation et CongoVitrine
abordent des thématiques un peu plus particulières en initiant des actions en
faveur des plus démunies (orphelins et enfants en difficultés de
scolarité) ; facilitent la rencontre des jeunes, le partage et le retour
à la parole, les échanges d’expériences (bad and success stories), le partage
de vision du monde mais surtout la promotion et la mise en lumière de leurs
initiatives. Toutes ces actions se réalisent à travers l’organisation de
festival, résidence de réflexion, pubmédia. La Fondation et CongoVitrine inscrivent
aussi leurs actions dans la découverte
des lieux et milieux, la culture, l’histoire,
bref, la vie dans sa vastitude !
Il y a beaucoup de projets en vue, je laisse
le temps nous les faire découvrir.
Mais à côté de toutes ses belles
idées, s’érigent un mur de défi, l'idée c'est d'arriver à baisser la hauteur de ces barrières à travers nos actions. La volonté
humaine est présente, un défi énorme reste essentiellement la ressource
financière. On essaye de s’organiser avec les contributions locales mais
elles restent insuffisantes quand il faut les contre-balancer aux maux auxquels nous nous attanquons et de toute la société qui demeure frappée par la famine et la malnutrition
des enfants, une société dans laquelle l'accès aux installations sanitaires reste problématique car on est en deçà
des normes, une société avec un éducation qui ne privilégie pas encore la jeune fille filles et bien d’autres maux. Il faut répondre à ces besoins de base si l’on veut nourrir le débat sur de développement_sous-développement.
Pour l’instant la quasi-totalité de
nos moyens provient de la volonté des membres mais surtout de la bonne foi
des autres bienfaiteurs.
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Dest. Mot de la fin
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Did. Je crois que la fin de cet échange marque plutôt l’ouverture et les nouvelles perspectives, C'est un point d’entrée pour
plus de collaboration avec vous les médias. Grâce à votre travail quotidien,
les initiatives des uns et des autres sont relayés et portés à des horizons
larges. Je me permet de saluer votre travail, ô combien louable car vous êtes comme un miroir et un
porte-voix de ceux qui se battent pour faire bouger et changer les situations
du moment. Nous sommes à l'ère du numérique dans lequel il suffit de lâcher un mot et les deux minutes qui suivent, il fera objet de toutes sortes de récupération sur n’importe quel média du monde et n’importe quel
réseau social. Nous sommes victimes du succès ! Mais cela doit se faire
dans le total respect de l’autre, son intimité et son humanité.
Mon souhait le plus cher est que cet
échange touche le maximum de personnes et que la bonne volonté habite les uns et les autres pour que tous comprenions le sens de l'engagement et de l'accompagnent des nécessiteux.
Toutes ces organisations sont encore
jeunes. Il reste beaucoup et beaucoup à faire. Il suffit simplement de
visualiser la vidéo que nous avons réalisé pour comprendre qu’en soit, elle
est une demande d’aide (rires).
Je lance enfin un appel à tous ceux
qui liront cette tribune, de la partager au maximum, de visualiser
en partageant les images de Cet autre CongoDR sur ma Page
youtube : Didier Mugalihya.
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Dest. Des personnes à
remercier ?
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Did. Des
remerciements tout particuliers aux Docteurs Martin Yelkouni, Radar Nishuli,
Albert Cirimbanga, Alex Lumpali et au Doctorant Deogratias Kujirakwinja.
Aux collaborateurs
Daniel Mastaki, Yves Mugisho, Claude Kabikabi et Lionel Bisimwa, Francis Mumbere.
A la fraternité de
Dulce Akoknwa, Lucien Ramazani, Fidèle Kavuba, Patrick Iragi et de Gaudens
Maheshe.
Clin d’œil à ma
famille, mes chers parents, à mes adorables frères et sœurs.
Gratitudes à vous
Destin Weragi, sans vous, la vidéo ne serait pas réalisée. Merci aussi pour
cette interview.
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Contacts
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Didier
Mugalihya M.
@didiermugalihya,
didier.mugalihya, didiermugalihya.blogspot.com, Didier Mugalihya
+243 973
017 079 (WhatsApp)
Fondateur-Bénévole
à DIOL FOUNDATION
Chercheur
au RACOD-RDCongo
Auditeur
en master à l’Université Senghor d’Alexandrie-Egypte
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Le
format complet du papier sortira sous peu.
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Entretien
réalisé par Destin Weragi.
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Courage mon cher frère, je te souhaite d'aller de l'avant
RépondreSupprimerMerci Cher ami, aîné et frère Claude. Les meilleurs à venir. Meilleurs voeux!
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